"Merci de confirmer votre commande sans tarder, une révision est prévue pour la semaine à venir."
Saisonnière et totalement imprévisible, cette relance devient de plus en plus courante de la part de tous les commerciaux du BTP.
Il s'agit d'un effet boule de neige dans la mesure où il suffit de modifier le prix du gasoil pour subir une augmentation au niveau des frais de livraison, de fabrication et de mise en œuvre des produits. Également, une variation au niveau des prix des produits de première nécessité entraine une hausse des prix de la main d'œuvre (MOD) qui passent du simple au double...
D'ailleurs, et pour bien attester cette réalité, voici un aperçu de la valeur de la MOD entre 2010 et 2019 :
1- Le prix du mètre carré enduit en MOD est passé de 2.000 TND à 8.000 TND.
2- Un mètre carré de pose du marbre est passé de 5.000 TND à 18.000 TND.
3- Le mètre carré de maçonnerie simple est passé de 2.500 TND à 9.000 TND.
En effet, bien que la Tunisie soit une source, profusément, riche en minéraux et matière première de produits rouges, un leader en export de gypse brut, et un exportateur de klinkeretc, ce pays n'est pas resté à l'abri de l'orage et de ce crescendo étant donné que l'ensemble de ces produits sont effectivement touchés par cette vague d'augmentation vertigineuse.
A titre d'exemple, le prix de l'acier a grimpé de 1250 TND la tonne à 2250 TND, et non seulement ça, Une telle augmentation peut se reproduire à 3 reprises durant la même année.
A l'avenant, le prix du marbre thala dans sa version basique est passé de 22.000 TND à 38.000 TND.
Evidemment, sans oublier les produits transformés en aluminium qui subissent un véritable accroissement de 3 % chaque semestre.
Par ailleurs, le vitrage, les charpentes, les revêtements de sols et les plafonds coûtent désormais le double de leurs prix de vente en 2010.
En phase avec cette ascension fulgurante et sans précédent des prix du BTP, les opérations immobilières, indemnes, fleurissent comme des petits champignons sur l'ensemble du territoire.
Indice des prix de l'immobilier par type de bien (Année de base 2015)
Les indicateurs de prix et de volumes relatifs au secteur de l’immobilier sont élaborés après traitement statistique de la base d’enregistrement des transactions de ventes et achats des biens immobiliers.
En effet, la conjoncture politique, ainsi que le nouveau projet de loi de finances publiques ont amené les détenteurs de capitaux à chercher leur refuge dans un investissement en bien immobilier qui reste toujours un secteur sûr et rentable.
Et clopin-clopant, le prix de l'immobilier, bon écolier, mime les variations de prix évoquées ci-dessus, et dans ce contexte, la zone de Ain Zaghouan s'avère être le meilleur reflet de ce phénomène vu que le mètre carré d'un moyen standing, vendu à 850 TND en 2006 se vend, actuellement, à 2200 TND !!!
Et assurément, ceci a un impact direct sur la population, prenons l'exemple d'un couple de fonctionnaires ayant un revenu mensuel de 2000 TND net : En 2010, ce couple était capable de rembourser un emprunt de 120 000 TND sur 15 ans avec une échéance qui ne dépasse pas les 40% de leurs revenus, tandis qu' aujourd'hui avec toutes les circonstances critiques et dramatiques basculant entre une passivité de l'état, un TMM proche de 8%, une montée importante des charges permanentes et une baisse évidente de la capacité d'autofinancement, ce même couple ou plutôt ce pauvre type, se retrouve incapable d'acquérir un bien immobilier, et malgré qu'une nouvelle clientèle a pris la place du consommateur moyen, cet échange de rôles n'a pas pu combler l'écart instauré entre l'offre et la demande .
Jusqu'à ce jour-là, plusieurs projets fantômes demeurent sans acquéreurs et des opérations sont parfois liquidées à 30% de leur valeur et étonnamment, les promoteurs optent pour cette politique et préfèrent garder des locaux condamnés plutôt que de revoir à la baisse les prix de vente.
Finalement, pour conclure sur une note positive, on pourrait tirer quelques leçons de nos voisins africains comme le Sénégal dont le secteur du BTP a connu cette même ère ces derniers temps néanmoins grâce à la conscience de ce pays émergeant, il a pu faire face à une vague d'augmentation de prix en redressant le secteur et en prenant, sérieusement, le contrôle du circuit d'approvisionnement, et ainsi, le prix de vente du neuf a pu baisser de 3 % lors du dernier semestre de 2018. A bon entendeur !!!!